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Filtration osmose inverse : quelles performances réelles contre les PFAS dans l’eau du robinet

Filtration osmose inverse : quelles performances réelles contre les PFAS dans l’eau du robinet

Filtration osmose inverse : quelles performances réelles contre les PFAS dans l’eau du robinet

On voit fleurir partout des promesses d’« eau pure » grâce à l’osmose inverse. Face à la crise des PFAS, ces polluants éternels qui résistent à (presque) tout, la question est simple : est-ce que ces systèmes tiennent vraiment leurs promesses pour l’eau du robinet ? Ou s’agit-il surtout d’un bon argument marketing ?

Petit rappel : pourquoi les PFAS posent un tel casse-tête ?

Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) regroupent des milliers de composés utilisés depuis les années 1950 : poêles antiadhésives, textiles déperlants, mousses anti-incendie, emballages alimentaires, etc. Leur particularité : une liaison carbone–fluor extrêmement stable, qui les rend quasi indestructibles dans l’environnement.

Dans l’eau du robinet, on retrouve surtout des PFAS à chaîne longue (comme le PFOA, le PFOS) mais aussi de plus en plus de PFAS à chaîne courte, créés pour remplacer les premiers… et tout aussi préoccupants. Ils sont associés à divers effets sanitaires potentiels : perturbations hormonales, baisse de la réponse immunitaire, certains cancers, impact sur le poids de naissance ou le cholestérol, entre autres.

Problème : les traitements classiques des usines d’eau potable (décantation, filtration sur sable, désinfection au chlore ou à l’ozone) n’ont qu’un effet limité sur ces molécules. Résultat : une partie arrive jusqu’au robinet.

C’est là qu’entre en scène l’osmose inverse, souvent présentée comme la « solution ultime ». Mais qu’en disent réellement les données scientifiques ?

Osmose inverse : comment ça marche, concrètement ?

L’osmose inverse est un procédé de filtration membranaire très fin, initialement développé pour dessaler l’eau de mer. Il s’appuie sur une membrane semi-perméable qui laisse passer principalement les molécules d’eau et retient la majorité des autres substances dissoutes.

En pratique, un système domestique d’osmose inverse :

La membrane est si fine qu’elle peut éliminer :

Mais « une grande diversité » ne signifie pas « 100 % de tout, tout le temps ». La nuance est importante.

Les performances annoncées… et celles mesurées

Côté fabricants, on lit souvent des chiffres ronds : 90 %, 95 %, 99 % de réduction des PFAS. Ces promesses reposent parfois sur des tests internes, rarement détaillés : quels composés ? À quelle concentration ? Dans quel type d’eau ? Avec quelle membrane ? Combien de temps après l’installation ?

Les études scientifiques indépendantes montrent pour leur part une image plus nuancée mais globalement favorable à l’osmose inverse pour les PFAS :

Autrement dit, l’osmose inverse est l’une des rares technologies domestiques capables de réduire significativement l’ensemble du spectre des PFAS… mais pas toujours au même niveau d’efficacité pour tous les composés.

Autre point clé : ces performances peuvent se dégrader avec le temps si la membrane n’est pas entretenue ou changée à la fréquence recommandée. Une membrane encrassée, colmatée par du calcaire, du fer ou de la matière organique, laisse davantage passer ce qu’elle est censée retenir.

Pourquoi l’osmose inverse fonctionne (relativement) bien sur les PFAS ?

Les PFAS sont des molécules organiques fluorées, souvent ionisées en solution (chargées négativement). La membrane d’osmose inverse oppose plusieurs types de « barrières » :

Les PFAS à chaîne longue sont généralement plus faciles à retenir : ils sont plus gros, plus hydrophobes et interagissent davantage avec la membrane. Les PFAS à chaîne courte, plus petits et plus mobiles, sont plus difficiles à arrêter complètement.

Les technologies voisines, comme la nanofiltration, peuvent aussi réduire certains PFAS, mais souvent avec une efficacité un peu moindre, notamment pour les composés les plus petits.

Et au robinet, qu’est-ce que ça change vraiment ?

La question que tout le monde se pose : « Si j’installe un osmoseur chez moi, à quel point mon eau sera moins contaminée ? »

Les résultats varient selon :

Des études sur des systèmes domestiques montrent souvent :

C’est donc une technologie très performante, mais pas magique. Et surtout, une technologie pointue qui doit être correctement dimensionnée, installée et entretenue.

Les revers de la médaille : ce que l’on oublie souvent de dire

L’osmose inverse peut séduire, notamment dans un contexte d’angoisse légitime autour des PFAS. Mais avant de signer un devis à plusieurs centaines (ou milliers) d’euros, il vaut la peine de regarder aussi les inconvénients.

Parmi les points à garder en tête :

Enfin, il ne faut pas oublier l’éléphant dans la pièce : l’osmose inverse ne fait que traiter l’eau à l’échelle individuelle. Elle ne s’attaque pas à la source de la pollution, qui reste dans les nappes phréatiques, les rivières… et les usines qui continuent à émettre des PFAS.

Osmose inverse ou filtres à charbon actif : qui gagne pour les PFAS ?

Les filtres à charbon actif (sous forme de carafes, de filtres sous évier ou sur robinet) sont souvent présentés comme une alternative plus simple et moins coûteuse.

Leur efficacité sur les PFAS est très variable :

En résumé :

Dans certains systèmes haut de gamme, les deux technologies sont combinées (pré-filtre charbon + osmose inverse + post-filtre), ce qui peut améliorer encore les performances, notamment en protégeant la membrane et en polissant le goût de l’eau.

Comment évaluer un système avant de l’acheter ?

Face à la multiplication des offres, quelques réflexes simples peuvent éviter bien des désillusions :

Si vous habitez dans une zone connue pour sa contamination en PFAS, vous pouvez également faire analyser votre eau avant et après installation. Certains laboratoires proposent des panels PFAS spécifiques, encore coûteux mais utiles si vous voulez des données précises.

PFAS, osmose inverse et responsabilité collective

Installer un osmoseur inverse chez soi peut se comprendre, surtout dans les zones où la contamination en PFAS alimente la peur (souvent de manière très légitime). Mais il ne faudrait pas que cette fuite vers des solutions individuelles serve de prétexte à l’inaction politique et industrielle.

Quelques questions dérangeantes méritent d’être posées :

Les PFAS sont un problème systémique, qui nécessite :

Dans ce contexte, l’osmose inverse à domicile peut être vue comme une ceinture de sécurité en attendant que la voiture soit enfin équipée de freins en état.

Alors, l’osmose inverse vaut-elle le coup pour les PFAS ?

Si l’on résume :

Pour un foyer informé, prêt à investir dans un bon matériel, à le faire installer correctement et à suivre les recommandations d’entretien, l’osmose inverse peut être un outil pertinent pour réduire significativement l’exposition aux PFAS via l’eau du robinet.

Mais même le meilleur osmoseur ne filtrera jamais un fait simple : tant que les PFAS continueront à être produits et rejetés massivement, ils finiront quelque part. Dans les rivières, dans les sols, dans l’air… et un jour ou l’autre, dans nos verres.

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